PERTURBATION DUE A J2

 

CONTENU : Mis à jour 11 janvier 1999, revu sept 2011

I Perturbation

Potentiel

Force perturbatrice

II Effets de la perturbation sur les paramètres orbitaux

Expression des dérivées séculaires

Figure de la dérive de W

Figure de la dérive de w

 

Pour le spécialiste, parler de la perturbation due à J2 revient à étudier les conséquences de l'aplatissement polaire de la terre sur l'orbite et le mouvement orbital. On dira encore, en étant plus savant qu'on s'intéresse à l'harmonique zonal (2,0).

NB : Avec l'harmonique zonal (3,0) on aurait pris en compte la forme de "poire" de la terre, sous la forme du coefficient J3.

 I POTENTIEL PERTURBATEUR ET FORCE PERTURBATRICE ASSOCIEE :

Nous en avons déjà parlé, le potentiel terrestre est développé en série, plus ou moins complexe suivant les modèles. Le premier terme est le potentiel newtonien. Les termes suivants représentent le potentiel perturbateur.

En ne prenant en compte que le premier terme de la perturbation, on a le potentiel perturbateur du à J2.:

La force s'en déduit par le gradient, vous ferez le calcul des composantes dans le repère géocentrique équatorial I J K avec K suivant l'axe de la terre :

Une transformation simple de l'expression de la force permet de la décomposer en 2 parties, l'une centrale qui modifie la vitesse orbitale et joue instantanément sur les paramètres a et e en particulier, l'autre parallèle à l'axe de la rotation terrestre, dont le sens dépend de la latitude. C'est précisément cette force crée une composante normale Np de la perturbation, responsable d'après les équations de Gauss de variations instantanées de i, w, W, M.

 II EFFETS DE LA PERTURBATION :

Nous ne pouvons pas rentrer dans le détail de tous les effets, certains étant de valeur moyenne nulle mais fluctuant avec de courtes ou de longues périodes, d'autres sont séculaires donnant des dérives linéaires des paramètres orbitaux. Seules ces derniers sont préoccupants, dans la majorité des applications courantes.

Vous consulterez les exercices EX1 et EX2 pour comprendre la technique de calcul des effets moyennés.

1°) RESULTATS :

 L'effet moyen sur le demi grand axe a est nul, ce qui paraît logique avec une perturbation dérivant d'un potentiel, l'énergie mécanique est conservative, en moyenne.

 Moins évident, l'excentricité et l'inclinaison orbitale restent en moyenne constantes.

 Par contre, il apparaît des effets non négligeables sur w l'argument nodal du périgée, ce qui se traduit par une rotation du grand axe dans son plan. Certes sur les orbites circulaires, cela ne se voit pas directement cependant le mouvement orbital s'en trouve affecté.

NB : Le graphe montre que l'inclinaison orbitale i=63°.4 annule la dérive de w. Les soviétiques ne se privent pas d'utiliser une telle inclinaison, qui leur autorise toutes les applications domestiques.

 L'effet le plus important est sans aucun doute la précession que J2 impose à la ligne nodale dans le plan équatorial. A part l'ortbite polaire, tous les plans orbitaux sont animés d'une précession dont les valeurs numériques sont visibles sur le graphe :

o        < 0 et donc rétrograde si i < 90°

o        >0 et donc dans le sens direct si i > +90°.

NB : Le graphe met en évidence pour i > 90°, la plage des inclinaisons et altitudes respectant l'héliosynchronisme, dont l'application est capitale pour les satellites d'imagerie ou de positionnement en particulier.

Si vous parcourez le chapitre consacré à l'exploitation de l'héliosynchronisme, vous constaterez que cette propriété permet de survoler une latitude donnée à une heure locale invariable, ce qui est d'un très grand intérêt pratique.

 Enfin la perturbation J2 affecte le moyen mouvement n ou encore la vitesse angulaire moyenne, créant ainsi un décalage horaire.

2°) EXEMPLES D'UTILISATION DE LA PERTURBATION :

Certaines constellations utilisent de nombreux satellites gravitant sur des orbites de même inclinaison mais dans des plans décalés, autant dire avec des longitudes vernales W des nœuds différentes.

Un moyen économique est d'utiliser un seul lanceur, plaçant des satellites dans un même plan orbital, pour donner la bonne inclinaison, mais sur des orbites de demi-grand axes différents. A chaque demi-grand axe va donc correspondre une dérive spécifique de W qui finira par amener le satellite dans le bon plan. Il suffira alors tout simplement de corriger le grand axe pour l'amener à sa valeur nominale.

Exemple donné par le CNES ( Cours de technologie spatialeVolume 1 page 268, CEPADUES EDITIONS) :

Constellation de 12 satellites de plans espacés de 45°, à 1450 km d'altitude sol, d'inclinaison 55°.

1- Les 4 premiers sont immédiatement manœuvrés et placés sur l'orbite cible à 1450 km, inclinée à 45°

2- 8 sont déposés sur une orbite intermédiaire à 900 km, inclinée à 45°.

4 dérivent de 45° puis sont manœuvrés pour remonter à 1450 km

4 dérivent de 90° puis sont remontés sur la bonne orbite à 1450 km.

Guiziou Robert novembre 1998, sept 2011