EQUATIONS DE MONTEE PERFORMANCES LANCEUR |
Dernière correction le 19
octobre 2004, sept 2011 I Equations de la phase propulsée lanceur Système différentiel du mouvement II Calcul des performances propulsives Rapport de masse associé à un étage |
|
Ce
deuxième cours, plus précis et opérationnel que le précédent, se propose à
propos d'un tir réel, simple équatorial, d'établir les équations du mouvement
du lanceur durant sa phase propulsée et de caractériser ses performances.
Nous
possédons en KOUROU, une base de tir pratiquement équatoriale, excellente pour
les tirs GTO vers l'orbite géostationnaire.
Afin
de ne pas inutilement alourdir les calculs, nous limitons l'étude au cas simple
mais réel, sous les hypothèses suivantes.
Base
de tir équatoriale
Tir
vers l'Est dans le plan équatorial
Vol
du lanceur plan, donc dans le plan équatorial.
Terre
sphérique à potentiel de gravitation newtonien
|
Situation du Centre Spatial
Guyanais CSG Latitude 5°3, Longitude - 52°.5 Tirs GTO et héliosynchrones |
1°) DEFINITIONS ET NOTATIONS:
De
nombreuses notions interviennent, dont nous donnons ou rappelons les définitions
en liaison avec la figure qui suit.
Notation |
Définition |
Unité de mesure |
Vecteur
vitesse absolue, vu de J2000, c'est la vitesse utilisée dans le mouvement
képlérien, mesurée dans OXT YT ZT. |
m/s ou km/s |
|
Vecteur
vitesse relatif à la terre, par exemple dans le repère ENZ, c'est la vitesse
mesurée par un ensemble de radars ou encore mesurée dans Xa Ya Za |
m/s ou km/s |
|
Vitesse
d'entraînement due à la rotation terrestre calculée à la position courante du
lanceur |
" |
|
Isp |
Impulsion
spécifique des ergols d'un moteur |
m/s ou N-s/kg |
ga , g |
Pente
locale de la vitesse absolue sur l'horizontale locale ou encore la direction orthoradiale |
Radian ou degré |
b |
Pente
locale de la vitesse relative sur l'horizontale locale ou encore la direction
orthoradiale |
" |
i |
Incidence
du véhicule, angle entre l'axe longitudinal du véhicule et la vitesse
relative VR ( Vitesse air ) |
" |
d |
Angle
de déviation de l'axe tuyère par rapport à l'axe lanceur, intervient dans
l'asservissement de pilotage. |
" |
y |
Angle
polaire de la position du centre d'inertie du lanceur dans le repère absolu. |
" |
q(t) |
Assiette
du lanceur. Angle entre l'axe lanceur et une horizontale soit : Locale
--> assiette locale Absolue
--> assiette absolue, dans ce cas l'horizontale de l'instant de tir est
mémorisée, celle de Kourou donc |
" |
Z |
Altitude
sol du lanceur |
m ou km |
X |
Distance
sol parcourue par le lanceur rapportée à la base mobile Kourou |
" |
Cx |
Coefficient
aérodynamique de traînée du lanceur |
Sans |
Cz |
Coefficient
aérodynamique de portance du lanceur |
Sans |
Rx |
Force
de traînée sur le lanceur, opposée à la vitesse |
N |
Rz |
Force
de portance sur le lanceur, dont l'orientation dépend de l'angle d'incidence
i. |
N |
F |
Poussée
des moteurs, dépendant de l'étage et du temps |
N |
M(t) |
Masse
instantanée du lanceur |
Kg |
Mu |
Masse
utile, c'est à dire la masse située au dessus de la partie considérée comme
étant le lanceur. |
Kg |
Mpi |
Masse
des propergols utiles d'un moteur i, masse effectivement brûlée |
Kg |
Msi |
Masse
de structure du moteur d'indice i, masse autres que d'ergols |
Kg |
Mi |
Masse
d'un moteur, Mi = Mpi + Msi |
kg |
wi |
Indice
constructif du moteur n° i |
sans |
Mc |
Masse
de la coiffe protégeant le satellite lors de la traversée des couches
atmosphériques |
kg |
q |
Débit
massique d'un moteur |
Kg/s |
qe |
Débit
d'eau éventuel |
Kg/s |
r(Z) |
Masse
volumique de l'air à l'altitude Z du lanceur |
Kg/m3 |
RT |
Rayon
équatorial terrestre |
M ou km |
S |
Surface
de sortie des tuyères |
m² |
wT |
Vitesse
angulaire de rotation de la terre sur elle-même |
Rd/s |
pe |
Pression
d'éjection en sortie de tuyère |
Pa |
pa |
Pression
ambiante dans l'atmosphère là où est le lanceur, pa = pa
( Z ) |
Pa |
G |
Accélération
de la gravité newtonienne, sans tenir compte des perturbations
gravitationnelles |
m/s² |
A
partir de ce point du cours, ces notions seront donc supposées connues.
La
figure qui suit devrait expliciter certaines des données du tableau.
2°) FIGURE :
La
loi de montée q(t) résulte de calculs
d'optimisation du vol lanceur, qui complètement fixé, injecte une masse utile
maximale sur son orbite de destination. Ce sera donc
une donnée connue et tabulée, utilisable dans tout le cours et dans les projets.
L'optimisation
prend naturellement en compte tous les problèmes posés au lanceur :
Vol
à faible incidence, pour des problèmes de résistance transversale
Problèmes
de sécurité dans les premières minutes de vol, le lanceur devant éviter des
zones habitées
Respect
de la mission fixée
Position
des stations de poursuite, etc...
Naturellement,
à chaque type de mission, correspond une loi de montée différente :
Injection
en GTO comme Ariane
Injection
en héliosynchrone
Injection
en orbite basse
Lancement
en orbite polaire
Injection
en libération de l'attraction terrestre, etc...
On
trouvera ces lois dans la Manuel Utilisateur du lanceur. Voir celui de Ariane 4
( 22 Mo )à l'URL :
http://www.arianespace.com/francais/orbit_usersman4.html
NB : Différence entre assiette locale et assiette absolue :
Suivant
le type de centrale inertielle embarquée sur le lanceur, mémorisant un plan
horizontal, soit le plan local, soit le plan horizontal de Kourou au moment du
décollage, l'angle entre l'axe lanceur et ce plan, appelé assiette sera
qualifié de LOCALE ou ABSOLUE.
4°) REPERES UTILISES ET CALCULS PRELIMINAIRES :
a ) REPERES : pour tous les repères l'axe n°3 est l'axe sud-nord de la rotation
terrestre, nous ne donnons que les deux autres axes situés dans le plan
équatorial.
Repère absolu, noté Ra = O XaYa : constitué par exemple Xa qui pointe depuis le
centre terre Kourou au moment du décollage.
Repère relatif, noté RT = O XTYT : constitué par exemple XT qui pointe depuis le centre terre Kourou à l'instant
courant t.
Repère relatif, noté Rp = O u v : repère des coordonnées polaires du lanceur G,
constitué du radial u qui pointe depuis le centre terre le lanceur à l'instant
courant t et de l'orthoradial v suivant la direction de l'Est. Les coordonnées
polaires de G sont : r = RT+Z et y . Le lecteur établira les relations préliminaires
suivantes :
Repère dit aérodynamique O XY : comme la force aérodynamique s'exerçant sur le
lanceur traversant l'atmosphère, se décompose classiquement en traînée et
portance sur ces axes, ils jouent un rôle important. On pose alors
habituellement:
b) ACCELERATION ET FORCES :
La
phase propulsée débute à l'instant to du décollage et s'achève à l'instant t de
l'extinction du moteur du dernier étage. On ne s'intéresse ici qu'au mouvement
plan du centre d'inertie G du lanceur et pas au mouvement autour de G,
puisqu'il est contrôlé par la loi de montée q(t).
Nous
traduirons en c) tout simplement la loi fondamentale exprimée dans Ra, mais
projetée sur les axes X et Y du repère aérodynamique.
Avec
les préliminaires ci-dessus, le lecteur n'aura pas de difficultés à établir les
composantes qui suivent :
5°) EQUATIONS DE LA PHASE
PROPULSEE :
En
projection sur les axes du repère aérodynamique, il vient :les deux premières
équations, complétées par celle de la vitesse radiale.
a) SYSTEME DIFFERENTIEL DU MOUVEMENT :
Comme
ces équations peuvent donner lieu à des projets, le calcul est détaillé pour
une bonne préparation de l'intégration numérique.
Posons
un vecteur de R3 noté Y de composantes VR, b, Z , le lecteur vérifiera sans peine que Y satisfait à une équation
différentielle d'ordre 1 de la forme classique :
Le
mouvement est régi par les équations suivantes, à mettre en œuvre lorsqu'on
désire simuler une trajectoire de montée :
NB
: Si de plus on souhaite suivre la distance sol parcourue depuis la base de
Kourou en mouvement, on ajoute au système différentiel une équation supplémentaire
: |
Cx,
Cz, pa(Z), q(t), d(t), i(t), r(Z), Mach, C(Z) vitesse du son, sont
connus soit littéralement soit tabulés soit sous forme de graphes. r(Z) correspond en général à l'atmosphère standard.
L'évolution de la masse m(t) lanceur, au cours du vol, est modélisée grâce à la
chronologie de vol.
NB1
: Dans la plupart des calculs d et i sont des
angles si faibles ( sauf d dans la phase de basculement
lanceur survenant entre 20 et 40 secondes de vol ), qu'ils sont tenus pour
nuls. Le lanceur étant en effet très fragile transversalement et peu résistant
aux efforts de flexion, le vol s'effectue pratiquement à incidence nulle, pour
éviter des forces transverses. De même d
reste au voisinage de 0, seulement sollicité par le système de pilotage
automatique, avec des braquages très faibles des tuyères.
NB2
: On aura noté qu'au moment du décollage, une division par VR = 0
est à éviter.
AUTRE VISION PLUS SIMPLE DE L'ETUDE :
La
loi fondamentale en axes relatifs RT = O XTYT liés à la Terre, donne, en tenant compte des forces d'inertie de Coriolis et
d'entraînement |
|
Projetée sur l'axe X du repère aérodynamique OXYZ, on trouve la seule équation
intéressante pour la suite du cours :
b) INTEGRATION DU SYSTEME ET RESULTATS :
Naturellement, pour une exploitation exacte, une
intégration numérique est nécessaire, utilisant un algorithme de calcul
numérique. Il en existe de nombreux, nous fournissons celui de Runge-Kutta à
l'ordre 4 ( voir RK4.htm dans MathUtil).
Le
système différentiel ci-dessus donne à chaque instant t, le vecteur Y, soit VR,
b, Z, donc les conditions relatives.
Or, en cas d'arrêt volontaire, commandé, du moteur du troisième étage, la
trajectoire empruntée est une conique définie par des conditions absolues. Il
faut donc effectuer la conversion.
CAS EQUATORIAL
:
Le
triangle des vitesses Va, VR, VT donne :
CAS GENERAL
:
Un
travail vectoriel plus conséquent doit être réalisé avec les relations donnant les
vecteurs r et V, permettant ensuite le calcul des paramètres orbitaux.
Dans
les deux cas la prévision de l'orbite atteinte est aisée, et en particulier,
lors d'un transfert GTO, le calcul de l'apogée doit être effectué tout au long
du vol de l'étage 3, pour arrêter les moteurs au bon moment.
http://212.180.3.157/arianespace/english/archives/v148-wm-high.htm
si vous voulez visionner des
séquences de lancement Ariane 4 ou Ariane 5
Nous
possédons en KOUROU, une base de tir pratiquement équatoriale, excellente pour
les tirs vers l'orbite
1°) CARACTERISATION DIFFERENTIELLE DES PERFORMANCES :
Transformons
la première équation ( celle sur Vr ), pour la mettre sous la forme
différentielle suivante :
L'équation
donne l'accroissement de vitesse relative, au sens large algébrique, entre
l'instant t et l'instant t+dt. L'équation révèle quatre termes :
dVprop |
Le
premier > 0, du moins en présence d'une poussée, représentant un gain de
vitesse propulsive. |
dVpertes |
Un
deuxième < 0 représentant les pertes de vitesse subies entre t et t+dt, cet
ensemble se décomposant ci dessous en trois termes, comme suit : |
dVpilotage |
Ou
encore dVpil. L'interprétation de ce terme est simple si on se
représente l'orientation de la poussée sur un dessin, où il apparaît que la
perte par pilotage disparaît si la poussée se fait dans le sens de la vitesse
Vr, ce qui est évident. |
dVpilotage
(suite) |
De
telles pertes existent dans deux cas : 1-
Une programmation volontaire de basculement de l'axe lanceur, par orientation
de la poussée (d non nul), en général entre 20 et
60 secondes après le décollage. 2-
Dans une séquence de pilotage automatique, avec une intervention non
prévisible du système de stabilisation et de guidage de la fusée, qui
"contre" une erreur de pointage de l'axe fusée, pour des raisons
très diverses et que la centrale inertielle a détectée. |
dVtraînée |
C'est
une perte évidente, puisque la traînée s'oppose au mouvement. Le lecteur se
convaincra que plus un satellite est important, moins la traînée lui fera
perdre de la vitesse. En
effet le coefficient de forme SCx/M décroît en fonction des dimensions,
puisque la masse croît comme le cube des dimensions et la surface comme le
carré. |
dVpesanteur |
Encore
noté dVpes, c'est une perte inévitable due à la transformation
d'énergie cinétique en énergie potentielle. On voit dans l'expression de
cette perte, l'influence de la pente de montée b. Le calcul est le même que pour une masse sur un plan incliné. |
En
définitive nous écrirons simplement dVR = dVprop - dVpertes. Ce second
terme a une expression tellement complexe que son évolution, au cours de la
phase propulsée, est impossible à calculer, "à la main".
Seul
le terme dVprop est utilisable.
2°) CALCUL DES PERFORMANCES PROPULSIVES D'UN ETAGE :
Nous
noterons toi l'instant d'allumage des moteurs de l'étage i, et tfi
celui de son extinction, supposée instantanée ( En réalité il y a une queue de
poussée durant quelques secondes ).
La
vitesse relative varie entre ces deux instants de :
La
quantité DVpertes est, nous l'avons
déjà dit, impossible à évaluer sans moyen informatique et encore faut-il
prendre en compte toutes les équations du mouvement. On s'intéresse donc seulement
à DVprop.
On
comprend bien que l'intégration serait aisée si Ispi était une constante. C'est
toujours vrai pour les moteurs des étages 2, 3 ou 4 ..., fonctionnant dans le
vide. Nous avions vu que pour l'étage 1, atmosphérique, la poussée et donc
l'impulsion spécifique variaient de 10 à 15 % maximum, entre le sol et le vide.
Donc en étant optimiste près du sol et pessimiste en fin d'étage, on peut prendre
avec une excellente approximation, une valeur moyenne pour Isp1.
L'intégration
évidente fournit une relation capitale pour le calcul des performances
propulsives idéales d'un étage :
li s'appelle le RAPPORT DE MASSE ASSOCIE A L'ETAGE i. On retiendra donc:
Et
si on connaît une estimation des pertes, alors :
NB
1 : Un rapport de masse est naturellement toujours > 1 et généralement
inférieur à 7.
NB
2 : C'est cette relation qui montre que la vitesse atteinte ne peut pas être
infinie, ni même très grande, car la masse de structure du moteur impose, au
mieux pour un mono étage, Moi = Mpi + Msi et donc un rapport de masse fini.
NB
3 : Evident aussi que plus l'impulsion spécifique d'un ergol est grande plus la
performance est grande. Quant on sait que des ergols classiques ont une
impulsion spécifique de l'ordre de 3000 m/s, comparée aux 4400 m/s du mélange
cryotechnique LH² + LO², on comprend l'utilisation de ce dernier mélange, même
au prix de complications techniques sévères.
A propos des pertes de vitesse :
Pour
la première génération Ariane 1, pour un tir GTO et un tir à 200 km, les pertes
se distribuaient sensiblement comme suit :
ETAGE
1 : -1230 m/s
ETAGE
2 : -335 m/s
ETAGE
3 : -165 m/s
PERTES TOTALES
: 1730 m/s dont 60 m/s en pilotage, 140 m/s en traînée et 1530 m/s de pertes
par pesanteur.
NB
1 : Pour une satellisation en circulaire à 1000 km, les pertes avoisinent 3800
m/s, pertes essentiellement due à la pesanteur.
NB
2 : Lors d'une manœuvre de correction de trajectoire, supposée impulsionnelle
ou du moins de courte durée, la poussée s'exerce toujours dans le même sens et
les pertes sont donc nulles, puisque l'opération a lieu dans le vide et sans
changement notable d'altitude.
3°) PERFORMANCES PROPULSIVES DU LANCEUR :
Connaissant
étage par étage, les possibilités de chaque moteur, on obtient les performances
propulsives du lanceur complet :
Cette
fonction dépend naturellement de nombreuses variables :
Impulsions
spécifiques Ispi
Indices
constructifs wi
Masses
d'ergols de chaque moteur mpi
Masse
de la coiffe mc
Et
surtout de la masse utile Mu (charge utile =
payload en anglais), que le lanceur est chargé de lancer.
Il
est évident que les performances propulsives décroissent lorsque la charge
utile croît.
ORDRE DE GRANDEUR : pour assurer une mission circumterrestre, il faut délivrer un minimum
de 9000 m/s, pour un lancement GTO environ 11500 m/s et pour une injection
interplanétaire jusqu'à 16500 m/s environ.
4°) VITESSE RELATIVE :
Nous
avions souligné que le calcul direct ou prévisionnel des pertes de vitesse
était impossible à faire. Nous devons donc, dans un premier temps, nous donner
une estimation des pertes nommée DVpertes. Cette projection du niveau des
pertes résulte de l'expérience déjà vécue, ou de celles de concurrents sur des
lanceurs du même type ou de premières simulations.
On
obtient ainsi la vitesse relative atteinte en fin de phase propulsée :
On
aura remarqué que l'équation ci-dessus est scalaire, contrairement à celle qui
suit. Le graphe suivant montre, pour Ariane 44LP, l'évolution de la vitesse
relative au cours du vol. On remarquera les phases courtes inter-étages.
5°) VITESSE ABSOLUE DU LANCEUR
:
Le
vol du lanceur conduit naturellement à une injection. Or c'est la vitesse
absolue qui doit être prise en compte dans les conditions initiales sur
l'orbite qui en résulte. Une composition des vitesses est donc obligatoire à
l'endroit de l'injection, d'altitude Zo et de latitude lo.
Nous
avons amenés à définir les conditions relatives du tir, azimut relatif bR, vitesse relative VR,
pente ou angle de tir relatif gR.
La
figure et les notations sont suffisamment explicites pour justifier les
relations ci-dessous, de passage des conditions relatives aux conditions
absolues et vice versa :
Naturellement
ces formules s'utilisent dans les deux sens, ce qui explique que nous n'ayons
pas cherché à résoudre.
RAPPEL DU CALCUL DES PARAMETRES ORBITAUX :
L'idée est de
calculer le rayon vecteur et la vitesse absolue , par leurs composantes dans
ENZ et d'opérer le changement de base pour les exprimer dans IJK.
Le passage à IJK
est aisé, grâce à la matrice P(a,l) :
Le calcul
s'achève ensuite conformément au cours sur les paramètres
orbitaux.
REMARQUES
:
Pour un
tir GTO, vers l'est, il est clair que le tir utilise au mieux la rotation
terrestre, lorsque la base de tir est équatoriale. On comprend alors pourquoi,
pour de tels tirs, vont se développer des plates-formes de tirs,
"offshore", en mer, comme les soviétiques ont déjà commencé à le
faire.
Pour
des tirs polaires, la rotation terrestre devient un handicap, il faut donc
disposer de bases situées à des latitudes élevées.
Il en
est de même pour les tirs héliosynchrones, quasi polaires, on le sait. De plus,
un satellite héliosynchrone est en général au dessus de 500 km, c'est une
altitude élevée, pour laquelle les pertes par pesanteur vont être très
importantes de l'ordre de 2000 à 3000 m/s.
6°) VITESSE CARACTERISTIQUE DU
LANCEUR :
Le
manuel utilisateur d'un lanceur ( en général fourni gratuitement par le maître
d'œuvre, par exemple Arianespace ou sur Internet http://www.arianespace.com/francais ), donne notamment les performances
du lanceur pour tous les types d'orbite.
Ceci
se traduit notamment par la notion de vitesse caractéristique, qui n'est autre que la vitesse
absolue atteinte, par exemple Va( Mu, Zp, i ) en fonction de:
Conditions
d'injection, au périgée Zp, donc en injection horizontale
La
charge utile Mu emportée
L'inclinaison
orbitale i atteinte.
Le
plus souvent deux des paramètres Zp et i sont bloqués et seule varie Mu.
Naturellement on y constatera que si i augmente la vitesse caractéristique
diminue, résultant d'une moins bonne utilisation de la vitesse d'entraînement
de la terre.
POURQUOI
DES LANCEURS MULTIETAGES ?
Imaginons un
lanceur monoétages, de construction fine avec w=0.1, disposant des MEILLEURS
ERGOLS DU MOMENT LH²+LO², donc Isp = 4400 m/s, avec des pertes minimales de
l'ordre de 1000 m/s, et n'emportant aucune charge utile, profitant de plus d'un
tir équatorial avec à 200 km environ 500 m/s de vitesse d'entraînement.
Le calcul vous
montrera rapidement qu'un tel lanceur ne pourra atteindre que 10050 m/s, donc
incapable d'une mission lunaire ni même GTO.
1°) ALLURE DES TRAJECTOIRES ARIANE :
Le
graphe qui suit montre la courbe caractéristique de montée des lanceurs de type
Ariane.
Ariane
est le seul lanceur dont la trajectoire présente, pour les vols GTO, une
"redescente" d'une trentaine de km, avant de reprendre son ascension.
C'est un choix des concepteurs tenant compte de la faible poussée de l'étage.
En effet vers t=570 s, la vitesse est horizontale, mais plus faible que la
vitesse d'orbitation circulaire, donc tout se passe comme si on était à un
apogée et le lanceur amorce sa descente vers un périgée. Le moteur n° 3 pousse
et finit, grâce à sa grande Isp, par atteindre la vitesse de satellisation
circulaire, au creux de la ressource. Puis continuant à pousser, le lanceur
parvient à la vitesse d'injection de l'ordre de 10.25 km/s.
2°) PERFORMANCES EN FONCTION DE L'ORBITE :
Le
graphe qui suit, relatif au lanceur Ariane 44L, montre l'influence de
l'altitude d'injection (périgée) et de la forme de l'orbite (apogée), pour une
inclinaison i bloquée, à sa valeur classique 5°2.
La
courbe des performances en orbite circulaire est intéressante, montrant la
capacité du lanceur 44L à injecter 9500 kg en circulaire à 200 km et 6900 kg à
1000 km.
En
injection GTO ( Périgée 200 km et apogée 36000 km ), on peut lire une masse
utile d'environ 4200 kg
3°) EVOLUTION DE LA FILIERE :
On
peut suivre ci-dessous l'évolution de la filière Ariane depuis la naissance
d'Ariane 1 jusqu'au lanceur Ariane 5 d'aujourd'hui.
3°) PERFORMANCES EN LIBERATION :
Mu (kg) |
C3 ( km²s-2)= |
d ( ° ) |
|
1850 |
20 |
-5°.2 |
|
2100 |
15 |
-5°.14 |
|
2350 |
10 |
-5°.02 |
|
2620 |
5 |
-4°.8 |
|
Performances du lanceur 44L |
Ces
performances s'expriment en terme de C3, constante associée à une mission de libération
interplanétaire et représentant le double de l'énergie sur l'hyperbole de
départ.
Le
tableau ci dessus donne la constante C3 = f(Mu), pour une injection
à 300 km et un tir vers l'Est. d est la
déclinaison sur l'équateur terrestre obtenue avec la vitesse à l'infini, ou
encore l'angle de cette vitesse avec le plan équatorial.
Le
graphe ci-dessous donne les performances en C3 du lanceur ARIANE 5ECA, avec
pour base une performance C3 = 18 km²/s² pour une masse utile de 5200 kg en
libération. Le graphe donne les écarts rapportés à cette performance ( i.e C3 =
10 km²/s² pour Mu = 5200+1200 =6400 kg )
4°) PRECISION D'INJECTION :
Le
Manuel Utilisateur d'un lanceur fournit à l'injection les dispersions sur les
paramètres orbitaux, par exemple pour ARIANE 44LP en tir GTO :
Demi grand axe a |
26 km |
Excentricité |
0.00029 |
Inclinaison |
0.018° |
Argument nodal du périgée w |
0.14° |
Longitude vernale de la ligne des nœuds W |
0.14° |
Altitude du périgée |
1 km |
Altitude de l'apogée |
52 km |
Ces
performances font du lanceur Ariane un des plus précis et certainement le plus
précis de sa génération. Il en résulte un gain sur la durée de vie
industrielle.
Les
chronologies ainsi que les devis de masse sont en général publiés pour chaque
vol et accessibles au public.
1°) SEQUENCE DE VOL
ARIANE 5 :
Donnons
la séquence principale de la phase propulsée. Le lecteur intéressé s'adressera
aux revues spécialisées, pour la phase balistique qui suit et les premières
opérations de mise en œuvre du( ou des ) satellite(s).
On
remarquera notamment le décollage à plus de 7 secondes après l'ordre de mise à
feu des moteurs.
T mn s |
Evénements H0 = 0 = Ouverture vanne H² |
Z km |
Va m/s |
VR m/s |
-6'30" |
Séquence
synchronisée fluides et électriques |
|
|
|
-4' |
Pressurisation
EPC |
|
|
|
-3'30 |
Chargement
du H0 calculateur |
|
|
|
-2' |
Maintien
en froid de Vulcain |
|
|
|
-1'05" |
Commutation
électrique bord |
|
|
|
-6,8 s |
Fin
séquence synchronisée |
|
|
|
-3 s |
Passage
mode vol |
|
|
|
-2 s à 6"65 |
Allumage
moteur et vérification bon fonctionnement |
|
|
|
7.05 |
Mise
à feu des EAP |
0 |
463 |
0 |
7.35 |
Décollage |
0 |
463 |
0 |
12.05 |
Début
du basculement et roulis |
0.06 |
464 |
29 |
22.05 |
Fin
du basculement |
0.7 |
489 |
109 |
27.05 |
Fin
de manœuvre en roulis |
1.4 |
516 |
160 |
49 |
Transsonique |
7 |
669 |
327 |
69 |
Pression
dynamique maximum |
14 |
902 |
537 |
107 |
Fin
du régime permanent EAP |
36 |
1850 |
1444 |
139 |
Séparation
des EAP |
65 |
2453 |
2024 |
141 |
Début
basculement optimisé |
67 |
2461 |
2031 |
192 |
Largage
de la coiffe |
105 |
2700 |
2223 |
511 |
Acquisition
Natal |
135 |
6272 |
5802 |
586 |
Arrêt
EPC |
141 |
8093 |
7623 |
592 |
Largage
EPC |
143 |
8115 |
7645 |
599 |
Allumage
EPS |
146 |
8112 |
7642 |
755 |
Acquisition
Ascension |
218 |
8292 |
7818 |
815 |
Perte
Natal |
251 |
8365 |
7888 |
1300 |
Acquisition
Hartebeesthoeck |
790 |
8915 |
8410 |
1340 |
Perte
Ascension |
864 |
8957 |
8449 |
1589 |
Arrêt
de l'EPS |
1463 |
9233 |
8701 |
2°) SEQUENCE DE VOL ARIANE 44LP
:
C'est
un exemple parmi les nombreux vols du lanceur Ariane
TEMPS |
ETAPES DU VOL |
Ho - 3h 35 |
Début
remplissage étage 3 |
Ho - 1h 05 |
Mise
en œuvre télémesure, radar, télécomande |
Ho - 50 mn |
Armement
moteurs d'apogée des 2 satellites |
Ho - 1 mn |
Passage
des équipements sur alimentation de bord |
Ho - 9 s |
Déverrouillage
de la centrale inertielle |
Ho - 5 s |
Déverrouillage
centrale inertielle |
Ho + 3 s |
Allumage
des PAP |
Ho + 3.4 s |
Décollage |
Ho + 12 s |
Fin
ascension verticale et basculement (10 s) |
Ho + 66 s |
Largage des PAP |
Ho + 149.1 s |
Largage
des PAL |
Ho + 214.4 s |
Séparation
étage 1 |
Ho + 215.8 s |
Allumage étage 2 |
Ho + 285.6 s |
Largage
de la coiffe |
Ho + 344.9s |
Séparation
étage 2 |
Ho + 348.5 s |
Allumage étage 3 |
Ho + 395 s |
Acquisition
Natal |
Ho + 745 s |
Acquisition
Ascension |
Ho + 1069.4 s |
Extinction étage 3 |
Ho + 1070.8 s |
Injection
sur l'orbite GTO |
Ho + 1207.4 s |
Séparation
du premier satellite SKYNET |
Ho + 1346.4 s |
Séparation
partie haute SPELDA |
Ho + 1457.4 s |
Séparation
deuxième satellite ASTRA 1A |
Ho + 1808.4 s |
FIN
DU VOL ARIANE 44LP N° 27 |
3°) DEVIS DE MASSE VOL 44LP N° 27:
Toujours
pour ce même vol, quelques indications sur le devis de masse du lanceur.
ELEMENTS CONSTITUTIFS |
MASSES( kg ) |
BILAN LANCEUR |
ASTRA
1A |
1766 |
|
SKYNET
4B |
1429 |
|
Case
à équipements + SPELDA + Ergols résiduels + réserves de performances +
Adaptateurs |
1155 |
|
Masse
sèche du 3ème étage |
1279 |
|
MASSE FIN ETAGE 3 |
|
5629 |
Ergols
étage 3 |
10638 |
|
MASSE FIN ETAGE 2 |
|
16267 |
Masse
sèche étage 2+ Inter étage 2/3 + Fluides résiduels |
4312 |
|
Masse
coiffe |
831 |
|
Ergols
étage 2 |
34528 |
|
MASSE FIN ETAGE 1 |
|
92264 |
Masse
sèche étage 1 + Inter étage 1/2 |
18163 |
|
Ergols
étage 1 |
230051 |
|
PAL
et fluides |
87654 |
|
PAP |
25282 |
|
MASSE AU DECOLLAGE |
|
417088 |
4°) RÔLE DES PAP OU PAL:
Les
relations suivantes, aux notations connues, montrent que pour un moteur
fonctionnant sans pertes, masses, accélérations, rapport de masse et
performance propulsive sont intimement liées.
Donc
pour obtenir un DV important il faut un rapport de
masse important. Si l'on veut limiter l'accélération finale à un niveau
raisonnable, notamment en vol habité, on est obligé de limiter l'accélération
statique en début de fonctionnement. Il en est presque de même pour le premier
étage, ceci expliquant qu'en pratique, le lanceur décolle avec une accélération
absolue de 2 à 4 m/s², pas plus.
La
solution pour ne pas dépasser 4g d'accélération statique, est de faire appel à
des propulseurs d'appoint à poudre ( PAP ) ou à liquide ( PAL ), pour
"arracher" le lanceur au décollage et lui communiquer un gain
appréciable de vitesse.
5°) LA VERSATILITE DU LANCEUR:
Outre
les considérations précédentes, la présence de propulseurs d'appoint,
différents et amovibles, permet de présenter plusieurs versions adaptées à une
large gamme de masses utiles. C'est la qualité de versatilité de ce lanceur. On
pourra s'en rendre compte sur le graphe suivant.
C'est
ainsi qu'a évolué la famille Ariane. C'est aussi la solution adoptée par Ariane
5 et la navette US.
6°) LES MASSES UTILES EN
GTO:
Consultez
les 2 diagrammes de la filière ARIANE
Guiziou Robert octobre 2004, sept 2011
NB 1 :ce cours a une suite
NB 1 : Une version papier optimisée pour la mise en page est prévue au format Word 97. Son nom : LANCEUR2.DOC